Dans son atelier de Vals-le-Chastel, Cécile Auréjac s’inspire de la nature et des animaux

 

Dans son atelier de Vals-le-Chastel, Cécile Auréjac s’inspire de la nature et des animaux

Cécile Auréjac est potière, mais aussi danseuse, musicienne et conteuse… Une artiste complète, en somme?!

 

Installée à Grahy, un hameau de Vals-le-Chastel (Auvergne), depuis 2009, Cécile Auréjac est une céramiste qui puise son inspiration dans le contact avec la nature.

Après avoir longtemps cherché l'endroit idéal pour installer son atelier de céramique, Cécile Auréjac a posé ses valises en 2009 à Grahy, petit hameau tranquille de Vals-le-Chastel. « Ici, je suis bien, parce ce qu'on est isolés. C'est important, car la céramique est un travail qui demande d'être complètement "dedans" », assure-t-elle.

Un bestiaire sauvage

Elle a choisi d'appeler son atelier « A la belle étoile ». Et pour cause. Cécile Auréjac aime travailler en plein air. Elle a installé ses deux fours sur une terrasse et la cuisson des pièces, qu'elle fait souvent la nuit, est l'occasion d'être au contact des éléments, même par grand froid. Qu'elle soit dehors ou dans son atelier, elle travaille face au paysage, qui s'ouvre sur une grande clairière, avec la forêt en arrière-plan. Elle y observe les animaux. Ceux-ci sont omniprésents, dans sa vie comme dans son travail. En plus de ses quatre énormes chiens de race Leonberg et de son chat (« pas plus d'un, car ils mangent les oiseaux… »), Cécile Auréjac possède une quinzaine de moutons de Sohay. « C'est une race très sauvage, plus proche du mouflon que du mouton. Nous les avons récupérés au muséoparc IO, quand il a fermé. Ils sont impossibles à domestiquer ! » Et c'est justement ça qui lui plaît. « Je vois les animaux différemment depuis que je vis ici. C'est ici que j'ai compris leur présence dans le monde. »

Entre les mains de la potière, la terre prend des formes animales. Tout un bestiaire de genettes, de tigres, d'hermines et de blaireaux peuple les étagères de son atelier. Mais c'est à l'ours que va sa préférence. « C'est lui qui m'a donné le déclic. J'ai découvert cet animal dans le cadre d'un travail muséographique. Je suis fascinée par l'ours. Je pourrais en parler pendant des heures… » Mais elle ne parle pas que de l'ours. Car ses centres d'intérêt sont très divers et son CV, impressionnant. Pendant plusieurs années coordinatrice de l'écomusée de la Margeride, dans le Cantal, elle est également auteur de livres d'histoire contemporaine. C'est aussi une touche-à-tout en matière artistique, danseuse, musicienne et conteuse. Mais c'est la poterie qui l'a finalement emporté. Pour elle, l'art de façonner la terre est un « monde à part, un monde infini. Je n'aurai pas assez de toute une vie pour faire tout ce que je veux faire », s'exclame-t-elle.

Une éthique de vie

Venue presque par hasard au monde de la poterie, elle est en quelque sorte une autodidacte. « J'ai suivi trois stages d'une semaine, pour apprendre les techniques de base, modelage, cuisson et émaillage. Puis je me suis construit un four avec l'aide d'un potier. »

Ont suivi des heures et des heures d'expérimentations, ponctuées de belles réussites, mais aussi d'échecs. « Les pièces qui éclatent dans le four, c'est difficile, au début, mais maintenant, ça ne m'atteint plus. Il m'arrive même de casser certaines pièces que je trouve ratées. Cela fait partie du métier, de savoir estimer la valeur d'un travail. »

Dès son installation, elle a rejoint l'association Terre et potiers d'Auvergne, qui regroupe plus de la moitié des céramistes professionnels de la Région. Au sein de la corporation, il règne une grande solidarité et on échange volontiers des trucs. « On est pénibles, car on est toujours en train de discuter techniques », convient-elle volontiers. Au mois de mars 2013, elle est devenue présidente de l'association. « C'est plaisant de se s'investir dans un collectif ».

Cécile Auréjac parle de la céramique comme d'un métier chronophage. Elle s'absorbe parfois dans le modelage au point d'en oublier le temps qui passe. Elle se délecte aussi des manipulations, parfois physiques, que la poterie implique : battre la terre avant de la travailler, sortir de fragiles pièces de terre d'un four à 1.000 °C : toutes ces étapes du travail la passionnent. Elle y voit une façon de se colleter avec les éléments. Toujours la nature, qui revient comme une antienne…

« Mon travail a complètement changé ma vision du monde, confie-t-elle. Mettre les mains dans la terre, c'est une éthique de vie. »

Géraldine Sellès